L'édifice n'a pas connu une telle restauration depuis plus de 100 ans ! La Collégiale Saint-Martin de Colmar fait l'objet d'une opération de restauration de grande ampleur, qui vient de débuter et s'étendra jusqu'en 2030.
Oeuvre majeure de l'architecture gothique en Alsace, la Collégiale Saint-Martin, construite aux XIIIe et XIVe siècles, fut classée au titre des Monuments Historiques dès 1840, sur la première liste de protection du patrimoine français instauré par Prosper Mérimée.
Historique des rénovations de l'édifice
La première grande campagne de restauration (1884-1911)
La fin du XIXe siècle est marquée par le lancement d'une campagne de restauration d'envergure visant à remplacer les maçonneries les plus fragilisées et à restaurer les toitures.
L'atelier de l'OEuvre Notre-Dame de Strasbourg est en charge de ce chantier.
© Vue sur le beffroi échaffaudé, 1890, DRAC Grand Est, DKM066A003_003
Entre 1888 et 1890, le beffroi est restauré : les abat-sons sont supprimés et les pierres les plus fragilisées sont remplacées.
La restauration de l'ACMH Paul Gelis (1920-1940)
Faisant suite aux dégâts causés par la Première Guerre mondiale, cette campagne de travaux intervient pour la conservation des parements extérieurs, notamment des deux tours, et engage la restauration de dix verrières de la nef dont le mauvais état avait déjà été signalé à la fin du XIXe siècle.
La restauration de Bertrand Monnet (1945-1980)
Après la Seconde Guerre mondiale, une importante campagne de travaux est menée. Les toitures de la nef, du choeur et du transept sont touchées par les bombardements et font l'objet de travaux. Les bombardements ayant aussi soufflé les vitraux, ces derniers sont aussi concernés par cette restauration.
Le mauvais état sanitaire du monument nécessite en outre d'intervenir sur les toitures précédemment restaurées (bas-côtés, chapelles du choeur) et les maçonneries. Certaines ayant déjà été restaurées au XlXe siècle par l'emploi d'une pierre d'une autre nature que celle d'origine font l'objet d'une nouvelle réfection car la chute de pierres provenant des parties brutes appelle en effet une intervention. C'est également à l'occasion de cette campagne que certaines statues ornant le pourtour du choeur sont déposées.
© Vue aérienne, janvier 1966, IGNF-PVA-1-0-1966-C92PHQ8561_1966_CDP9295_8895
La restauration de Daniel Gaymard (1980-1989)
L'intervention de Daniel Gaymard porte essentiellement sur les parties hautes de la façade occidentale, lesquelles montrent des signes de fragilité depuis les années 1950. Les éléments sculptés les plus vulnérables font également l'objet de travaux de consolidation (pinacles, garde-corps).
Des années 1990 à nos jours
Cette période est principalement marquée par des chutes de pierres et des travaux d'urgence pour garantir l'étanchéité de deux chapelles du choeur.
2024-2030 : pourquoi une rénovation ?
Initié en 2015, un premier diagnostic sanitaire actualisé en 2018, a mis en évidence la nécessité de procéder au remplacement de plusieurs pierres de parements et d’éléments structurels menaçant de s’effriter, voire de se desceller.
Mais il est aussi apparu que cet édifice consacré n’a pas été rénové dans sa globalité depuis plus de 100 ans et nécessite des travaux qui vont au-delà d’un simple maintien ou nettoyage des pierres de surface.
Ainsi, le réaménagement de la place de la Cathédrale, achevé à la fin de l'année 2023, n'était que la première étape d'un chantier de grande envergure. La Municipalité continue d'investir pour le coeur de Colmar, à travers une rénovation extérieure globale de la Collégiale.
Ce projet s'inscrit dans la volonté de préserver l'identité et le patrimoine emblématique de Colmar pour le transmettre aux générations futures. La restauration concerne des éléments structurels comme les pierres de taille, la maçonnerie, la charpente, la ferronnerie, les ballustres ou encore la rénovation du clocheton. Les statues du choeur seront aussi remplacées par des reproductions à l'identique, tandis que les originelles rejoindront les collections du Musée Unterlinden. |
Exemple d'un nettoyage au laser.
Un micro gommage sera également effectué ainsi qu'un traitement biocide pour enlever la mousse et le lichen.
Présentation des travaux
Les travaux qui viennent de débuter se découpent en quatre tranches et devraient se terminer en 2030 selon le calendrier prévisionnel. Le coût total de l'opération est estimé à environ 18,4 M€.
- Tranche ferme : Nef nord et bras nord du transept
- Tranche 1 : Choeur déambulatoire et chapelles
- Tranche 2 : Nef sud et bras sud du transept
- Tranche 3 : Massif occidental
Les 4 tranches de travaux ont été ordonnées selon les urgences sanitaires de l'édifice et seront effectuées dans cet ordre.
Les installations du chantier sont positionnées sur la place de la Cathédrale, côté nord. Une clôture en bois entoure le chantier. L’échafaudage est également sécurisé avec une clôture en tôle ondulée neuve.
Conformément aux normes en vigueur, un échafaudage et un lift sont posés pour la restauration des parements extérieurs. La restauration des couvertures basses demande la dépose de l’échafaudage en deux temps. Des parapluies ponctuels pour la réfection des chapelles et des lucarnes sont également prévus.
Les études menées sur les pierres ont révélé la présence d’une polychromie de Grès qui sera restaurée et valorisée. Le Grès jaune de Rouffach (carrière de Strangenberg) est proposé comme pierre à approvisionner sur le chantier. La pierre de Jaumont a été introduite au XXe siècle. |
Le détail des travaux
- Le projet propose la restauration des garde-corps ajourés et des coursives utilisées pour l’écoulement des eaux pluviales.
- Les bas-côtés retrouveront les enduits d’origine.
- Les couvertures en tuile vernissée seront révisées et les lucarnes seront remplacées.
- Les couvertures des chapelles seront refaites à l’identique.
- Le clocheton en cuivre de la tour sud sera restauré également à l’identique.
- Les dispositions d’écoulement des eaux pluviales seront majoritairement maintenues avec quelques améliorations en partie basse.
- Les vitraux seront également restaurés et des doubles verrières sur les baies les plus importantes seront mises en place.
- Les échafaudages intérieurs dédiés au lot vitrail seront dotés du confinement spécifique pour protéger l’intérieur de la Collégiale. Pour les deux orgues de la Collégiale, des protections spécifiques seront apposées.
- Deux colonnes sèches seront créées dans deux des escaliers de la Collégiale – une sera aménagée dans le bras sud du transept et l’autre dans l’escalier de la tour nord (pour une utilisation en cas d'incendie).
Maîtrise d'ouvrage
Ville de Colmar
Maîtrise d'oeuvre
Agence Pierre-Yves Caillault, Architecte en Chef des Monuments Historiques
Coordinateur S.P.S
REALBATI
Les entreprises mobilisées
- Échafaudage : Hussor Erecta
- Maçonnerie, pierre-de-taille : Scherberich M.H, Piantanida
- Sculpture : Mescla, Socra, Scherberich M.H
- Charpente, couverture : Le Bras Frères
- Menuiserie, peinture : FLB Menuiserie
- Vitrail, serrurerie : Manufacture Vincent Petit, Atelier Art Vitrail
- Décors peints : Atelier Arcoa
- Électricité : Pontiggia
Montant des travaux : 18,5 M€
Les subventions
La Collectivité européenne d'Alsace :
- sur l'ensemble des tranches : 1,2 M€
- vitraux et sculptures - tranche 1 : 74 699 €
La Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) : 282 399,37 € (tranche 1)