Colmar face aux épidémies 

À l’heure où nous subissons toutes et tous, à des échelles certes variées, les conséquences du développement du Covid-19, il semble intéressant de revenir sur les épidémies qui, au cours de l’Histoire, ont marqué Colmar. Si la peste occupe souvent le devant de la scène, d’autres ont aussi fait des ravages. Tour d’horizon… d’un horizon bien sombre.

La peste : récurrente et sans pitié

Les premiers témoignages d’épidémies datent du Moyen Âge. Dans une société médiévale fragilisée par un manque d’hygiène et une sous-alimentation chronique des classes défavorisées, Pestilenz et Seuche frappent indistinctement jeunes et vieux. La peste est alors la maladie la plus connue, la plus sournoise, la plus crainte aussi. Elle sévit régulièrement et ravage des régions entières.

Elle apparaît à Colmar dès 1297. Pour conjurer le fléau, les chanoines de Saint-Martin organisent une procession… La peste est à nouveau mentionnée en 1313 (chronique de Jean de Winterthur). Ses nombreuses victimes sont alors inhumées dans 4 fosses communes.

Mais c’est la grande peste noire de 1348-1349 qui est la plus meurtrière, entraînant de plus le massacre de la communauté juive que l’on accuse d’avoir empoisonné les puits. Le Judenloch, au nord de Colmar, en rappelle le sinistre souvenir.
Signalée à plusieurs reprises aux 14e et 15e siècles, la peste ravage litéralement Colmar en 1541, marquant la mémoire collective. Une inscription à la collégiale Saint-Martin, rédigée en latin, en grec et en hébreu, mentionne en effet le décès de 3 500 personnes ! En soignant les pestiférés, les Franciscains sont, à leur tour, victimes du fléau. Leur communauté se trouve décimée… 

1667 : Colmar en quarantaine… et finalement épargnée !

Si la maladie frappe à nouveau en 1564 puis en 1610-1611, elle semble ensuite, au cours du 17e siècle, s’éloigner… mais elle resurgit pourtant à Bâle ! En octobre 1667, Colmar fait contrôler l’entrée des étrangers par un médecin et redouble de vigilance aux portes de la ville. L’épidémie s’étend et se rapproche… et la ville est fermée pendant plusieurs semaines. Le traditionnel marché hebdomadaire se déroule hors des murs, à Ingersheim, Ostheim ou Horbourg.

Devant le manque de nourriture lié à la mise en quarantaine, le duc de Lorraine aide à pourvoir à l’approvisionnement de la ville en mars 1669.

L’épidémie s’éteint finalement : Colmar a été épargnée. 

Peste, variole et diphtérie : les Colmariens à l’épreuve des maladies

Si la peste provoque la plus grande mortalité, d’autres fléaux frappent Colmar. En 1295, la chronique des Dominicains mentionne le décès de 777 enfants, probablement victimes d’une épidémie de variole. En  1517 et 1530, la diphtérie sévit dans toute l’Alsace, frappant particulièrement la région colmarienne. L’Influenza (la grippe) ou les hitzige Fieber (la forte fièvre) sont mentionnées de temps à autres, sans que l’on connaisse pour autant la nature réelle de l’épidémie (grippe, fièvres) ni son importance.

La dernière grande épidémie sévissant à Colmar est celle du choléra en 1854, causant 349 décès. Et croyez-le ou non, ce sont à l’époque les concombres qui sont accusés de propoger la maladie, donnant même lieu sur le marché de Colmar à une bataille cocasse, à coup de cucurbitacés, entre maraîchers et forces de l’ordre .

1517-1530

épidémie de diphtérie

1348-1349

peste noire

1297

apparition de la peste

Le bouche-à-oreille fonctionne alors parfaitement pour répandre tout type de croyance urbaine… nos réseaux sociaux à nous… Faisons le tri dans les informations rencontrées !